Le mur du çon

Plus de 15 000 véhicules passent devant le monastère de Batalha chaque jour. Photo Paulo Cunha/Lusa.
La municipalité de Batalha est en train de construire des barrières en béton devant le monastère Santa Maria da Vitória, un monument classé patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, pour le protéger du bruit et de la pollution de la circulation automobile sur l’IC2, devenue très dense depuis l’instauration du péage sur l’A19, une autoroute pourtant payée avec des deniers européens.

Ce véritable mur du çon [merci au Canard Ençaîné pour son néologisme bien utile en l’occurrence] est décrié par la population qui critique son impact visuel.

« On dirait un mur de Berlin. Je sais que l’idée est encore d’y placer des arbres, mais le premier impact est très mauvais. Je veux d’abord voir ce que ça donnera à la fin des travaux, mais avec l’argent qui est utilisé on pourrait supprimer le péage pour les poids lourds, ou réduire son coût », déclare à l’agence Lusa l’entrepreneur Alfredo Barros.

Pedro Coelho, un autre habitant de Batalha partage ce même avis et ne voit pas en quoi ça va protéger le monument.

L’historien José Travaços Santos abonde dans le même sens et il estime que « rien ne justifie le paiement d’une taxe sur un tronçon si court et de plus le mur est laid ».

Même le maire de Batalha, Paulo Batista Santos, reconnaît que la solution idéale serait l’abolition du péage ou sa réduction. L’autoroute A19 a été construite pour délester une grande partie du trafic de l’IC2, près du monastère, de façon à le préserver. Malheureusement elle est devenue l’une des voies les moins utilisées de la région de Leiria après l’attribution d’une concession pour plusieurs années par l’ancien gouvernement de Sócrates.

Selon le maire d’étiquette PSD (opposition de droite), « pour l’Etat portugais, l’unique solution est de racheter la concession, la mairie ne peut rien faire ».

Paulo Batista Santos déclare, cependant, que « dans cette phase, les travaux créent un impact visuel pour le monastère qui n’est pas agréable, mais ça ne restera pas comme ça ».

« Nous devons valoriser ce qui est un patrimoine de l’UNESCO et faire en sorte qu’il reste le plus visible possible, ce serait une irresponsabilité de ne pas prendre des mesures immédiates de réduction des actuels impacts environnementaux », ajoute le maire, rappelant que plus de 15 000 véhicules passent à cet endroit chaque jour.

Dans un communiqué, la municipalité indique que ces travaux font partie d’une intervention plus importante qui prévoit la construction d’une piste pour vélos, une amélioration des conditions de stationnement et des installations sanitaires existantes près du monastère. Il était temps, car ces dernières étaient d’une saleté inadmissible depuis des décennies, une honte pour le pays compte tenu de l’importance du nombre de visiteurs qui s’y rendent.