Angola : Bonga optimiste

José Adelino Barceló de Carvalho, alias Bonga. Photo Ampe Rogério/Lusa.
Les messages de Bonga [28/12/2016]
Le chanteur et compositeur Bonga dit constater que les changements que le nouveau président est en train d’apporter commencent à être perçus positivement par les Angolais.

Dans un entretien accordé à l’agence Lusa, à Luanda, l’auteur de Lágrima no Canto do Olho, 76 ans, a rejeté l’idée de faire de la propagande politique – « je ne l’ai pas fait dans le passé et ne le fais pas à présent » –, mais il met en exergue le fait que les actions de João Lourenço commencent à avoir un grand impact à l’intérieur comme à l’extérieur.

José Adelino Barceló de Carvalho ajoute que l’impact ne relève pas de la dialectique, il est mis en pratique selon les promesses qui avaient été faites [par João Lourenço], comme il le constate lui-même et le confirment certains de ses compatriotes dans le pays.

Bonga donne l’exemple des opérations de Transparência [transparence], le combat à l’immigration illégale et l’exploitation sauvage de diamants ; et Resgate [sauvetage], pour imposer l’autorité de l’Etat dans tout le pays.

« Qui ne veut pas avoir une maison propre, des enfants soignés et à l’école ? Qui ne veut pas la fin de la précarité et de la famine ? Nous tous voulons cela. Et c’est ce qui est en train d’être fait, ce qui est très important », explique-t-il, ajoutant que peu importe le temps que prendra le changement de mentalité des Angolais.

Portant un t-shirt avec le slogan Nunca desistas [ne renonce jamais], Bonga a expliqué que durant la période où il a été considéré comme maudit pour le régime de 38 ans du président José Eduardo dos Santos, il n’a jamais renoncé « même dans des situations compliquées ».

Rappelant qu’il avait été victime du régime comme des milliers d’autres, Bonga évoque les blessures qui restent dans la société angolaise : « qui que ce soit dans la rue est porteur de blessures, d’enfants disparus, de personnalités de la politique, de la littérature, de la musique et d’autres arts, sans parler des anonymes… Toute cette souffrance a été possible grâce à la collaboration et à la connivence de beaucoup d’étrangers qui ont vendu des armes », déclare le chanteur avant d’ajouter que « tous ces étrangers sont venus parce que l’Angola est une terre riche et convoitée et non pas parce qu’ils aimaient les Angolais, mais pour faire un business lucratif. Cela a des conséquences et c’est compliqué quand est en cause un peuple qui a lutté, qui a eu son indépendance et a continué encore à vivre dans la difficulté. Cela est très ennuyeux et il n’y a personne qui ne porte cette douleur dans le cœur », a-t-il déclaré.

A la question de savoir si, à 76 ans, il avait l’intention de rentrer définitivement en Angola, Bonga Kuenda – un nom qu’il a adopté durant son adolescence et qu’il présente comme son véritable « moi » – il a répondu qu’il s’agissait d’une question complexe, mais que si les choses continuaient à évoluer positivement, il y songerait.

« Cela ne dépend pas que de moi. J’ai un groupe avec lequel je travaille, qui vit à l’étranger, ma famille, mes enfants, qui sont nés à l’étranger. Beaucoup de personnes en Angola me posent cette question. Mais je ne peux pas me précipiter pour faire un autre type de travail. Je vis de la musique depuis quarante et quelques années et je continue à être sollicité », a-t-il conclu.

José Adelino Barceló de Carvalho, né dans la province de Luanda, a débuté dans la musique en 1972 avec l’album Angola'72, une quarantaine d’autres titres lui ont succédé.