En Algarve, les matériaux traditionnels sont en vogue, surtout auprès des propriétaires étrangers. Photo Luís Forra/Lusa. |
Michel Freund, adepte de la construction écologique, observe l'état d'avancement de la restauration de l'une de ses maisons. Photo Luís Forra/Lusa. |
La plupart des produits naturels sont faciles à trouver, mais les fours à chaux sont en voie d'extinction. Photo Luís Forra/Lusa. |
Le retour aux anciennes techniques et matériaux constructifs comme la chaux et l’argile est de plus en plus courant dans la construction et la restauration des maisons algarvias : plus de plastique, plus d’aluminium et l’utilisation du ciment est résiduelle. Les matériaux traditionnels qui étaient utilisés avant l’apparition du ciment et du béton armé – comme la chaux, l’argile, le bois, la pierre et les pigments naturels, au lieu des peintures plastifiées – en plus d’être écologiques, sont bénéfiques à la santé et représentent un coût inférieur, selon l’entrepreneur Acácio Correia, qui restaure un ensemble de maisons acquises par un couple allemand à Santo Estevão, du côté de Tavira. « De plus en plus de personnes recherchent les matériaux 100 % naturels, surtout les étrangers. La structure reste en acier et en béton, mais tout le reste est fait avec des produits naturels », explique-t-il à l’agence Lusa, ajoutant qu’un mur ancien n’a pas besoin de ciment, « il a été construit avec de l’argile et crépi avec un mélange de sable et de chaux : nous le réhabilitons comme il était à l’origine ». Acácio, qui a toujours travaillé avec la chaux, reconnaît qu’utiliser l’argile comme matériaux de crépissage est pour lui une expérience nouvelle, mais estime que c’est plus facile qu’avec le traditionnel mortier. L’utilisation de pigments naturels, à la place des peintures plastifiées, et le liège pour l’isolation thermique sont les autres caractéristiques de ce projet de construction et de restauration de petites maisons à Santo Estevão, où Michel Freund et son épouse, Jutta Gräf, construisent un « eco-resort ». Après avoir vécu dans des monastères bouddhistes, en Thaïlande, cet Allemand de 58 ans s’est installé en Algarve, en 2016, et a trouvé dans cette propriété de deux hectares au pied de la serra do Caldeirão, l’endroit idéal pour créer un centre de méditation. Michel comme Acácio ignorent tout sur l’histoire de cette propriété, en dehors de la date de sa construction, gravée sur une pierre de l’entrée principale : 1887. « Le problème est que les Portugais ont oublié ces techniques et ne comprennent pas ce qui est nécessaire et comment on peut construire une maison de manière correcte », dit Michel, mettant en exergue que ces matériaux sont bons pour les maisons et pour la santé de ceux qui les habitent. L’un des avantages de l’argile, en dehors du fait d’être écologique, c’est qu’elle fonctionne comme un filtre contre l’humidité, l’un des facteurs les plus importants dans la dégradation des habitations, ainsi que dans le confort et la qualité de l’air qui circule dans la maison. Selon Joachim Reinecke, propriétaire d’un magasin de matériel de construction écologique à São Brás de Alportel, la chaux et l’argile ont une grande capacité d’absorption, ce qui aide à améliorer l’ambiance intérieure de l’habitat, au contraire du ciment et des revêtements plastiques. Joachim explique que peu de gens ont conscience des problèmes potentiels pour la santé, créés par l’usage des peintures plastiques pour le revêtement des murs, auxquels s’ajoutent d’autres produits toxiques présents dans les meubles ou les rideaux. « C’est un crime d’utiliser ces produits qui nous font du mal », déclare-t-il, ajoutant qu’il s’agit aussi d’une question de durabilité puisque ces matériaux résistent plus longtemps, se dégradent moins vite que les industriels. L’architecte Filipe Monteiro, qui depuis une dizaine d’années s’est installé près de Olhão, en provenance de New York, est l’auteur de plusieurs projets de restauration, avec des matériaux traditionnels, de maisons en ruines dans les quartiers historiques de la ville, au bord de la Ria Formosa. « Intervenir avec des matériaux naturels sur des maisons traditionnelles c’est aussi une manière écologique de vivre », résume l’architecte, expliquant qu’avant de se lancer dans un projet, il fait toujours une recherche sociologique et urbaine, pour restaurer la maison le plus fidèlement possible à ce qu’elle était autrefois. Il est facile de trouver la plupart des matériaux en question, mais les fours à chaux sont en voie d’extinction. |