Tourisme judaïque au Portugal

Le musée de Belmonte a reçu plus de 40 000 visiteurs depuis son ouverture en 2005. Photo Paulo Novais/Lusa.
Ricardo Abreu, le directeur du Belmonte Sinai Hotel, le premier hôtel kasher du Portugal. Photo Paulo Novais/Lusa.
Armoire juive de la Maison de la Mémoire Judaïque, à Sabugal. Photo Paulo Novais/Lusa.
Marcos Osório, l'archéologue de la mairie de Sabugal, montre une gravure. Photo Paulo Novais/Lusa.
Belmonte et Sabugal mettent en valeur leur patrimoine judaïque pour attirer les touristes à l’intérieur du pays, souvent délaissé au profit du littoral.

A Belmonte, qui possède l’une des plus anciennes communautés juives du monde, on trouve plusieurs équipements en relation avec cette religion, notamment un musée, inauguré en 2005 et rénové en 2017.

Ce musée, dédié à la communauté juive locale, est intégré dans le Réseau de Musées Municipaux qui comprend également le Musée des Découvertes, l’Ecomusée du Zêzere [affluent du Tage], le Musée de l’Huile d’Olive, l’Eglise de São Tiago et le Panthéon des Cabrais [en hommage au découvreur du Brésil, Pedro Álvares Cabral, né à Belmonte], ainsi que le château.

Selon Susana Miranda, de l’Empresa Municipal de Belmonte, le Musée Judaïque est parmi les endroits les plus visités de la ville, avec le Musée des Découvertes. On peut y trouver des objets de culte et un peu de l’histoire de la communauté juive. Depuis son ouverture, il a reçu plus de 40 000 visiteurs, des Portugais et des Israéliens, majoritairement.

Un hôtel dédié aux pratiquants de la religion juive, le Belmonte Sinai Hotel, a été inauguré en 2016. Son directeur, Ricardo Abreu, a expliqué à l’agence Lusa qu’il s’agissait du premier hôtel kasher du pays et répondait aux nombreuses demandes des visiteurs, au fil des années.

« Notre marché est essentiellement international, 50 % de nos hôtes viennent de l’étranger. La clientèle juive vient d’Israël mais aussi de nombreux autres pays, comme les Etats-Unis, la Pologne, le Brésil, la France…

Les commerçants de Belmonte se montrent également satisfaits avec l’augmentation de l’affluence touristique, bénéfique à leurs activités, dans tous les secteurs.

Dans la ville voisine de Sabugal a été créée en 2017, dans le cadre de la Rede de Judiarias, la Casa da Memória Judaica da Raia Sabugalense, qui attire également les visiteurs.

« Nous avons constaté une augmentation considérable de touristes grâce à la Maison de la Mémoire Judaïque. Parce que nous sommes près de Belmonte, qui est le plus important centre du judaïsme au niveau national et en raison de la proximité cela devient presque obligatoire de faire un petit saut à Sabugal », explique le conseiller à la Culture, Amadeu Neves.

Selon Marcos Osório, un archéologue de la mairie de Sabugal, la ville a été intégrée dans la Rede de Judiarias car il s’agit d’un territoire qui, « spécialement après l’expulsion des juifs du royaume de Castille, a accueilli beaucoup de communautés qui y ont vécu de longues années ».

« C’est un héritage qui est un peu caché et il n’est pas facile de préserver cette mémoire, mais il existe des documents et quelques inscriptions qui nous permettent de rappeler la présence de ces personnes dans la région, comme les dessins cruciformes et autres objets qui constituent un témoignage vivant de leur présence », déclare l’archéologue.

Dans la Maison de la Mémoire Judaïque, on peut notamment trouver une armoire juive et un objet métallique d’hygiène personnelle, originaire de Vila Maior, appelé Dentilcaspium : « il s’agit, ni plus ni moins, d’un objet que l’on portait autour du cou, pour nettoyer les ongles, les dents et les oreilles », explique Marcos Osório, qui suppose que l’objet appartenait à un membre de la communauté juive, sans doute à un médecin ou à un rabin, étant donné que les préoccupations des juifs avec l’acte de la circoncision et autres actes de purification avec les femmes les obligeaient à prendre des précautions hygiéniques qui n’étaient pas habituelles dans le reste de la société ».