Vue du village de Chã das Caldeiras, recouvert d’un manteau de lave séchée. Photo Fernando de Pina/Lusa. |
Deux monstres de lave se sont invités dans la maison de Sónia et David, aujourd'hui ils constituent une attraction touristique. Photo Fernando de Pina/Lusa. |
L'éruption de 2014 a changé la vie de Sónia et David. Photo Fernando de Pina/Lusa. |
Cap Vert : un volcan en éruption |
Trois mois après le début de l’éruption volcanique sur l’île do Fogo, au Cap-Vert, en novembre 2014, une rivière de lave continuait de couler à Bangaeira, lieu-dit du village de Chã das Caldeiras. La maison récemment construite par Sónia et David, était alors entourée par la lave. La lave est entrée par un mur de la salle à manger, mais s’est rapidement solidifiée et le reste de la maison est resté intact. Elle constitue aujourd’hui une attraction touristique. De cette maison, où ils n’avaient pas eu le temps d’emménager, ils ont fait une pension et Sónia, qui était sans travail, y a trouvé un emploi : recevoir les touristes qui viennent visiter le volcan. « Ça n’était pas notre plan. Je travaillais comme cuisinière à l’auberge, qui a été détruite par la lave. Cette opportunité s’est présentée et j’ai commencé à recevoir des touristes à la maison », explique Sónia Vicente à la Lusa. L’éruption à Chã das Caldeiras, village situé à près de 2 000 mètres d’altitude, alors constitué d’environ 210 maisons, 1 300 habitants et une dizaine de pensions touristiques, a eu lieu il y a cinq années, le 23 novembre 2014 et ne prit fin que le 8 février de l’année suivante. La dernière éruption remontait à 1995. A cette époque, Sónia, David et leur fille s’apprêtaient à emménager dans leur nouvelle maison, mais ils n’eurent pas le temps de le faire. « La maison était pratiquement prête. Nous avions prévu d’emménager en décembre, au moment des fêtes, et l’éruption a commencé en novembre. Soudain, ce fut un cauchemar », raconte Sónia en évoquant le fleuve de lave qui descendait jusqu’au lieux-dits Bangaeira et Portela, laissant une croûte qui s’est solidifiée, en chemin, avec des dizaines de maisons littéralement avalées, dont on ne voyait que les toits. Prévue à l’origine pour n’être que la résidence familiale, la maison a échappé durant les 77 jours d’éruption, mais le 8 février, la lave l’a entourée. « Nous nous étions dits qu’il n’en resterait rien », poursuit Sónia. Malgré son sourire, qui tente de cacher l’angoisse que fut de penser avoir perdu la maison qui avait demandé des années de travail, Sónia se souvient toujours de l’appel de son mari, quelques jours plus tard, après la fin de l’éruption : « notre maison a résisté ! » En effet, la maison était intacte, bien qu’une partie de la salle à manger fut occupée par un gros bloc de lave solidifiée. Dans un village rayé de la carte, une maison en parfait état, avec trois chambres, est devenue rapidement un logement pour les voyageurs. « Il n’y avait plus rien aux alentours, pas de pensions, plus de maisons, et les gens ont commencé à nous demander de pouvoir rester sur place. Nous avons commencé à travailler, à recevoir les personnes, et avons découvert le goût pour le tourisme, pour le logement », ajoute Sónia. Chaque année, ils ont ajouté une pièce à la maison, où à présent ils vivent avec leurs deux filles. Sónia dit ne plus avoir peur du volcan, qui a changé le cours de sa vie. |