Manifestation récente en faveur de l'augmentation des salaires. Photo António Pedro Santos/Lusa. |
Il aura fallu attendre un demi-siècle pour que la CGTP élise une femme secrétaire générale : Isabel Camarinha. Photo António Pedro Santos/Lusa. |
Alors qu’il fête ses cinquante ans, le principal syndicat portugais constate avec satisfaction l’augmentation de ses membres (+5 863) depuis quatre ans, passant de 550 500 à 556 363 syndiqués. La CGTP est composée de 22 unions de districts, 10 fédérations et 125 syndicats. Sa création remonte au 1er octobre 1970, lorsque quatre syndicats ont lancé les bases de l’Intersyndicale, prenant conscience de la nécessité d’une organisation unitaire pour les travailleurs portugais et de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Il y a cinquante ans, les syndicats lisbonnais des Caissiers, du Personnel de l’Industrie de Lainages, des Techniciens et Ouvriers Métallurgiques, et des Personnels des Banques ont convié les autres syndicats à une rencontre de travail afin « d’étudier certains aspects de la vie syndicale ». Selon les termes de cette invitation, les thèmes de discussion portaient sur les conventions collectives du travail, les horaires, la censure et la liberté de réunion. La première réunion de l’Intersyndicale s’est concrétisée dix jours plus tard, au siège du syndicat du personnel de banque de Lisbonne (actuel Sindicato dos Bancários do Sul e Ilhas, de l’UGT). Quatorze syndicats avaient alors répondu présent. La réunion a donné lieu à un exposé sur le droit de réunion, qui a été envoyé au gouvernement, et à la conviction que les réunions intersyndicales devraient se poursuivre de manière plus élargie. Malgré la répression exercée (certains dirigeants ont été arrêtés par la police politique), jusqu’à la fin de cette année, le mouvement a continué de se développer, comptant 21 syndicats, dont celui des journalistes, et en avril 1974, une cinquantaine d’organisations y participaient. Selon les données compilées en deux volumes sur l’histoire du mouvement syndical, édités par la CGTP, la position la plus importante assumée à l’époque par l’Intersyndicale (désignation initiale de l’organisation), a été le « programme basique », un document revendicatif approuvé en 1971 relatif à la liberté syndicale, droit de libre négociation et droit à la grève. Avec la révolution d’Avril, l’organisation a obtenu de la Junte de Salut National l’instauration du 1er Mai comme Jour du Travailleur et férié national et les commémorations du 1er Mai en 1974 organisées par l’Intersyndicale sont restées les plus grandes manifestations jamais réalisées dans le pays. Dans la période qui a suivi le 25 avril, l’Intersyndicale a obtenu d’importantes conquêtes, notamment des augmentations substantielles des salaires, le 13e mois, un mois de vacances payées, le salaire minimum national, l’interdiction des licenciements sans cause réelle et le droit à la grève. En 1974, l’Intersyndicale avait 214 syndicats affiliés, représentant près d’un million de travailleurs et l’année suivante, alors qu’elle devient officiellement la Confédération Générale des Travailleurs Portugais (CGTP), elle réalise son premier congrès où sont approuvés les statuts et les bases programmatiques. Mais c’est le congrès de 1977 qui restera dans l’histoire comme le « congrès de tous les syndicats », sa préparation a duré plus d’un an et s’est caractérisée par l’unité syndicale. C’est à ce congrès que sont entrés dans la direction les dirigeants historiques José Ernesto Cartaxo, Maria do Carmo Tavares et Manuel Carvalho da Silva. Ils y resteront plus de trente ans. Il faudra attendre un demi-siècle pour que la CGTP élise une femme secrétaire générale : Isabel Camarinha. Depuis la révolution d’avril, la CGTP a organisé dix grèves générales. Les deux premières ont eu lieu en 1982, en février et en mai, contre le « pacote laboral » que le gouvernement de l’AD a tenté d’imposer, retirant des droits aux travailleurs. Le train de mesures du gouvernement de Cavaco Silva provoquera la troisième grève générale de la période démocratique, le 28 mars 1988. Pour empêcher l’approbation du Code du Travail de Bagão Félix, la CGPT organise une nouvelle grève générale le 10 décembre 2002, à laquelle participent près de deux millions de personnes. Le 30 mai 2007, c’est la révision du Code du Travail promue par les socialistes qui a déclenché la cinquième grève générale de l’Intersyndicale. La CGTP et l’UGT ont convoqué pour la première fois une grève commune, qui s’est tenue le 24 novembre 2010, contre les mesures d’austérité appliquées, à l’époque, par le gouvernement socialiste. De nouvelles grèves générales ont encore eu lieu en novembre 2011, en mars et en novembre 2012. La dernière remonte à juin 2013, contre l’aggravation de l’austérité. |