Vues de la forêt de Buçaco et Milene Matos, biologiste, auteur d’une étude sur la biodiversité. Photos Paulo Novais/Lusa. |
Encerclée par des monocultures de pins et d’eucalyptus, la Forêt Nationale de Buçaco est une oasis de biodiversité dont la richesse en termes de faune en fait un habitat privilégié, rare dans la région, pour de nombreuses espèces animales. La biologiste Milene Matos, auteur de la première étude scientifique sur le terrain sur la faune de la Mata, a analysé les patrons de diversité et d’abondance de différentes espèces d’animaux vertébrés. Parallèlement, elle a aussi réalisé de telles études dans les monocultures environnantes ainsi que dans l’agriculture traditionnelle et intensive. Les quelque 150 espèces de vertébrés (oiseau, poissons, amphibiens et mammifères) connus dans la Mata de Buçaco bénéficient de la richesse de la flore et selon l’étude de la chercheuse de l’université d’Aveiro, cette forêt mixte est celle qui présente la plus grande diversité d’espèces et la plus grande abondance d’animaux de tous les habitats forestiers étudiés. Avec plus de 250 espèces d’arbres et arbustes du monde entier et sa forêt relique (arbres autochtones, vestiges de la forêt primitive), la forêt de Buçaco appartient au Bassin Méditerranéen, considéré comme l’une des 25 principales zones de biodiversité ou la troisième plus importante du point de vue botanique. Sur ses 105 hectares, on trouve 10 des 17 espèces d’amphibiens de tout le pays et au moins 14 espèces de chauves-souris des 25 que compte le continent. Plus de 80 espèces d’oiseaux sont répertoriées. La salamandre lusitaine, le lézard d’eau et la taupe sont quelques-uns des endémismes ibériques (animaux qui n’existent que dans la péninsule ibérique). Le ruivaco (sorte de goujon) est un poisson qu’on ne trouve qu’au Portugal. Pour les oiseaux, "il y a des arbres qui constituent un refuge, avec des cavités naturelles et des rameaux denses (au contraire de la monoculture), qui favorisent la nidification, étant moins sujets à la pression prédatoire ", explique Milene Matos. Cette diversité botanique, évidente aussi dans beaucoup de types de semences, feuilles, fleurs et racines disponibles pour l’alimentation des animaux tout au long de l’année, s’associe à la complexité structurelle de la forêt - qui contraste également avec les habitats simplifiés des espaces destinés à la production forestière - et lui donne une valeur conservationniste "incomparablement supérieure" à celle constatée par Milene Matos dans la plantation d’eucalyptus. L’indice de valeur conservationniste - qui mesure l’importance, en termes de conservation de la faune, de chacun des espaces étudiés - a été à présent mesuré "pour la première fois en ces termes" au Portugal dans le cadre de cette recherche et il est encore plus élevé dans l’agriculture traditionnelle. Au cours de ces cinq années d’études solitaires et intensives qui sont à l’origine de la thèse de doctorat en biologie "Diversité de vertébrés dans la forêt de Buçaco et ses environs", Milene Matos a quadrillé une aire de 250 kilomètres carrés, représentative de la région du Centre. La thèse "fournit les bases essentielles à la construction de lignes d’orientation qui visent l’intégration des activités humaines avec la conservation de la biodiversité". Selon la biologiste, les méthodes actuelles dans la sylviculture et l’intensification de l’agriculture "mettent en risque la préservation de la biodiversité". |